Propos recueillis par Camille Matet
15 novembre 2018
Pouvez-vous vous présenter ?
Je m’appelle Laetitia Vignocchi, j’ai 34 ans et j’habite en Haute-Savoie. Je suis directrice de l’harmonie Municipale de Vacheresse depuis 2006, et je suis membre du Brass Band Léman Mont-Blanc. Je suis également enseignante d’Éducation Musicale au collège Émile Allais de Megève et au lycée du Mont-Blanc de Passy (74). Je joue du cornet à pistons et j’ai fait toutes mes études à Lyon, à l’université Lyon 2, et au Conservatoire National de Région.
J’ai obtenu en 2005 le DADSM régional, aujourd’hui appelé CRDSM (Certificat Régional de Direction des Sociétés de Musique). C’est une démarche personnelle qui m’a amené à passer le DADSM. L’an dernier, j’ai eu envie et besoin d’approfondir mon travail de direction d’orchestre. La Fédération Rhône-Alpes propose chaque année une formation à la direction, dans l’optique du passage du CRDSM ou du DADSM.
Au départ, c’est le principe de la formation qui m’intéressait, plus que l’éventuelle obtention du DADSM. Nous avons eu la chance de travailler sous l’égide de Claude Kesmaecker et Fabrice Kastel. Nous avons pu diriger différents ensembles, comme l’Harmonie de Vienne, l’Orchestre Massenet de Saint-Etienne, ou encore la Musique de l’Artillerie de Lyon (Musique militaire professionnelle). Se confronter à d’autres ensembles, de haut voire très haut niveau est un véritable challenge et c’est autant les compétences musicales, techniques qu’humaines qui sont sollicitées et développées.
Vous venez d’obtenir le DADSM, qu’est-ce que cela va changer ?
Obtenir le DADSM, après une année de travail soutenu, de longue haleine, est une réelle satisfaction, personnelle, évidemment, dans un premier temps !
Cela va me permettre de faire partager à mon harmonie ma nouvelle expérience, je vais pouvoir mettre en pratique au quotidien les conseils des chefs et j’ai pu également renforcer et développer mes compétences.
Quelles ont été les épreuves les plus compliquées pour vous ?
Obtenir le DADSM est difficile, on ne va pas se mentir ! Il faut maîtriser un certain nombre d’épreuves, de techniques. Le passage en deux tours est quelque chose d’exigeant. Orchestration, analyse, harmonie, arrangement, commentaire d’écoute, culture musicale, élaboration d’un projet culturel viennent s’ajouter à la direction d’orchestre pure.
De plus, les compétences en direction sont « décortiquées » ! Après une épreuve de filage, il faut également prouver que nous sommes capables de gérer un temps de répétition, avec une pièce de travail et une pièce de déchiffrage à exécuter avec l’orchestre. L’épreuve se clôt par un entretien avec le jury, qui passe en revue notre parcours, qui nous interroge sur un certain nombre de choix, de décisions que nous avons dû prendre, mais qui vérifie aussi nos connaissances culturelles, concernant l’orchestre d’harmonie, les grands compositeurs, le répertoire, etc.
Toutes les épreuves ont leurs difficultés. Personnellement, l’épreuve d’orchestration et ses 8 heures de mise en loge était peut-être celle qui m’impressionnait le plus, car dans mon parcours musical, je n’ai jamais eu l’occasion de me confronter à cette situation ! Même lorsque j’ai passé le concours d’enseignement pour intégrer l’Éducation Nationale (CAPES).
Les épreuves devant l’orchestre sont éprouvantes émotionnellement parlant, mais tellement riches ! On se retrouve face à soi, à ses défauts, à ses qualités, à nu en quelque sorte…
Le DADSM n’est pas reconnu par l’état, où pourrait-il se situer d’après vous s’il l’était ?
Le fait que le DADSM ne soit pas reconnu par l’État est regrettable… Le travail fourni, les attentes des jurys, l’engagement des candidats ne sont pas reconnus à leur juste valeur, et nous ne pouvons que le déplorer.
Je vais retourner « chez moi » pour continuer à travailler avec mon harmonie, mais avec une certaine amertume quant à cette « non-reconnaissance » des instances culturelles nationales… Je ne saurais dire si le DADSM peut être une sorte d’équivalent du DE… Je le souhaiterais, évidemment !
Quels conseils pouvez vous donner aux futurs candidats du DADSM ?
Je ne peux qu’encourager les futurs candidats à se lancer. Cette expérience est très riche en émotions et en rencontres ! C’est un formidable parcours musical et humain et il est indispensable, je trouve, que les directeurs de sociétés amateurs puissent se perfectionner, pour faire grandir nos harmonies, pour les développer.
Nous devons être fiers de la musique amateur. Nous devons être fiers de nos bénévoles. Nous devons, nous chefs, contribuer à les faire entendre, à les faire connaître. Nous ne devons pas rougir de qui nous sommes, quelle que soit la structure, sa taille ou son niveau. Nous contribuons, j’en suis intimement persuadée, au développement culturel de nos régions, rurales, montagnardes. Mieux nous serons formés, meilleures seront nos harmonies.