Malgré les efforts déployés ces dernières années par plusieurs institutions et organisations associatives, les inégalités entre les hommes et les femmes dans le milieu musical demeurent. Le nombre de femmes occupant des postes de responsabilité et de direction, autant dans les orchestres que dans les structures qui gèrent des activités musicales, reste minime. Les répertoires restent très majoritairement le fait d’auteurs masculins (92,5 % du total) : seulement 10 % des compositrices exercent leur métier, et à peine 1 % de leurs œuvres sont programmées. Il n’est alors malheureusement pas surprenant que les cheffes d’orchestre, compositrices, musiciennes primées et directrices de projets musicaux soient si rares. Par ailleurs, nous observons une répartition genrée dans les choix d’instrument et de type d’orchestre. Même si plusieurs facteurs liés à l’environnement, à l’offre, à des conditions particulières, etc. jouent certainement aussi dans cette féminisation ou masculinisation déséquilibrée de certaines pratiques, orchestres ou fonctions, il semble, comme pour les métiers, que ce phénomène prenne aussi sa source dans des processus d’orientation, des tendances, traversées par des stéréotypes, des habitudes, des formes d’assignations qui conditionnent le parcours des femmes dès le plus jeune âge. Cette inégalité est d’autant plus compréhensible à la lumière des récits de l’histoire de la musique, qui ont trop longtemps occulté, omis et invisibilisé les femmes compositrices.
Cette situation révèle une concentration genrée du pouvoir, la persistance de nombreux stéréotypes, ainsi que la difficulté actuelle pour les femmes à faire entendre leur voix et à entrer en dialogue égal avec leurs homologues masculins. Faire évoluer cela vers plus d’égalité nécessite d’agir sur les représentations, les cadres d’organisation et les mécanismes de discrimination systémique.
Le champ artistique n’est pas exempt de luttes symboliques et de ces problématiques d’égalité qui touchent de façon plus large la société. Bien que la distribution inéquitable des ressources et opportunités entre femmes et hommes soit une conséquence directe du modèle dominant, nous savons que c’est au sein des sphères créatives que nous pouvons amorcer de véritables transformations. L’art ne se contente pas de refléter ce qui se passe dans la société. Comme toutes les autres expressions culturelles, il est avant tout un espace de lutte, de débat et de conflit, un lieu de création où de nouvelles propositions peuvent émerger. Étant l’art le plus diffusé au quotidien, la musique nous donne la responsabilité de guider son impact vers une transformation significative en faveur de l’égalité. La Confédération Musicale de France, investie de son rôle d’éducation populaire et forte de ses valeurs d’émancipation et d’égalité, souhaite ainsi participer à cette dynamique.
LE PROGRAMME
14h – 14h30 | Accueil et accréditation
14h30 – 14h45 | Propos d’introduction
Arlette Brison, vice-présidente de la CMF
14h45 – 15h | Projection du court-métrage Parole de Sirène
Une Production de la CMF et de La Sirène de Paris.
15h – 17h | Table ronde sur l’égalité entre les femmes et les hommes dans le milieu musical
Intervenants :
- Claire-Mélanie Sinnhuber, compositrice multi-primée
- Esteban Buch, directeur d’études à l’EHESS
- Emilie Delorme, directrice du CNSMDP
- Julien Menez, directeur de l’engagement de la Sacem et board member Keychange
- Myrtille Picaud, Chercheuse au CNRS/CRESPPA-CSU
Modération : Jimena Ponce de Leon, chargée de mission CMF
17h – 17h30 | Pause-café
17h30 – 19h30 | Projection du film Divertimento
Un film inspirant de Marie-Castille Mention-Schaar, d’après l’histoire de Zahia Ziouani