Au cinéma le 28 décembre2022

De : Ida Techer et Luc Bricault / Avec : Mathilde Seigner, Bernard Le Coq, Anne Benoit

Alex, chanteuse dont la carrière peine à décoller, accepte un drôle de job : faire chanter des comptines à une chorale de retraités. Elle découvre un groupe de séniors ingérables qui ne rêve que d’une chose, chanter du rock ! La mission d’Alex va s’avérer plus compliquée que prévu avec la plus improbable des chorales…

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Entretiens croisés avec la chorale des Salt and Pepper

Par Caroline Rainette

15 décembre 2022

Avec :

  • la cheffe de chœur, Nathalie MANCEAU
  • les choristes Philippe LANOOTE, Jacqueline MALCORPS, Annie HEAULME, Brigitte WADOUX, Pascale MARTIN, Marie-Hélène BRYCHE, Lyli CHAUMONT SOUVRAZ, José DESWARTE

Racontez nous comment sont nés les Salt and Pepper

Philippe LANOOTE : A la retraite, j’ai eu envie de chanter. Fin 2009, à Dunkerque, l’établissement culturel des 4 Écluses projetait le film I Feel Good ! de Steven Walker qui retrace l’histoire d’une chorale de séniors. A la suite de la projection, la responsable a demandé des volontaires pour une expérience similaire, une chorale rock sénior. J’ai accepté, avec une quarantaine de personnes. L’expérience devait durer 6 mois, elle a été reconduite pour la même durée, puis au bout d’un an, comme nous souhaitions tous continuer, il a fallu nous débrouiller par nous-même. Avec d’autres choristes nous avons décidé de créer une association, dont j’ai pris la présidence. Notre objet social est clair, il s’agit : « d’animer un groupe de seniors, pour lutter contre l’isolement par une activité de chant choral ». Nous sommes 38 actuellement, et depuis 13 ans la chorale a dû accueillir 50-55 personnes.

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Nathalie MANCEAU : Je suis chanteuse professionnelle. Fin 2009, la chargée des actions culturelles des 4 Écluses m’a appelé en catastrophe pour m’expliquer qu’un projet choral rock sénior devait démarrer, mais le chef de chœur initialement prévu venait de se désister au vu du répertoire. J’ai accepté, sans trop réfléchir car chorale / rock / séniors ne sont pas forcément des mots qui vont ensemble ! Cela a été une véritable rencontre, avec des personnes de plus de 60 ans, très différentes, certaines avec beaucoup de caractère, d’autres plus discrètes, mais avec tous beaucoup de rires et de joie. Nous partagions cette même sincérité et cette énergie commune.

José DESWARTE : Dans I Feel Good !, l’une des chanteuses à 93 ans, elle ne bouge pas évidemment, mais elle a un coffre, une puissance vocale incroyable ! Alors je me suis dit que si, à son âge, elle était capable de faire ça, je le pouvais aussi !

Aviez-vous déjà fait partie d’une chorale auparavant ?

José DESWARTE : Je n’avais jamais chanté dans un groupe auparavant, mais depuis toujours je suis un grand amateur de rock, c’est une passion, cela me met dans un état second.

Brigitte WADOUX : Depuis l’école, je n’avais jamais rechanté, mais je trouvais le répertoire rock de cette chorale original. J’étais aussi attiré par l’aspect danse, car je fais également de la danse de salon.

Annie HEAULME : C’est le répertoire qui m’a convaincu de m’inscrire dans cette chorale. Je n’avais jamais chanté avant, mais je faisais du théâtre amateur.

Jacqueline MALCORPS : Pendant de nombreuses années j’avais fait du théâtre amateur, où j’avais été amenée à chanter un peu. Mais une chorale traditionnelle ne me tentait pas, alors quand j’ai découvert le projet de chorale rock, j’ai sauté sur l’occasion.

Lyli CHAUMONT SOUVRAZ : Le rock m’a toujours passionné, aussi était-ce une opportunité, à la retraite, de pouvoir sortir de la solitude. On ne se connaissait pas, nous étions tous novices, même si certains faisaient partie de chorales plus classiques, et même notre cheffe commençait dans le métier, avec nous. C’était donc une aventure pour tout le monde !

Nathalie MANCEAU : Au début, je ne savais pas trop comment les faire travailler, puis peu à peu j’ai compris, et j’ai aussi beaucoup appris d’eux. Par exemple, je fais peu d’échauffements vocaux, cela les fait râler, en réalité ils ont passé l’âge et cela peut même être un peu angoissant.

Le chœur répare, c’est une aventure humaine.

Que vous apporte la chorale et le chant ?

Pascale MARTIN : L’expérience que je vis avec les Salt and Pepper est incroyable, aussi bien les répétitions que les concerts. On vit le chant, à fond.

Nathalie MANCEAU : Le chant fait du bien, au corps, à l’âme, à sa posture, sa manière de se tenir face aux autres, face au monde. Le son vibre dans tout notre corps.

Lyli CHAUMONT SOUVRAZ : Je n’avais jamais chanté et je n’avais aucune confiance en ma voix. Mais chanter collectivement, et avec ce groupe, c’est complètement différent.

Nathalie MANCEAU : Il est souvent difficile de se retrouver seul face à sa voix, qui peut nous trahir par exemple (la voix qui tremble). Un chanteur solo peut se sentir seul, alors que la chorale transmet la magie de l’énergie du chœur : on n’entend plus sa propre voix mais celle du chœur, qui devient une entité à part entière, qui nous porte, parfois qui nous trouble sur nos propres capacités car il compense les failles de certains. Le chœur répare, c’est une aventure humaine, on se projette ensemble, ce qui est important quand on ne travaille plus, quand les enfants sont partis… Avoir un projet, faire des projets ensemble, tout cela crée du lien social.

José DESWARTE : Ce que je retiens avant tout, c’est la force du groupe : il y a une solidité humaine. Bien sûr on peut se disputer de temps en temps, mais cela n’a pas d’importance, tout redémarre immédiatement, grâce à la musique. Il n’y a que la musique pour fédérer ainsi.

Nathalie MANCEAU : Partager la musique, c’est partager un temps de vie.

Jacqueline MALCORPS : La chorale m’a permis de rencontrer des gens adorables, les répétitions sont des moments exceptionnels. A nos âges c’est un énorme plus dans nos vies, ce n’est que du bonheur.

Philippe LANOOTE : C’est une aventure passionnante ! Malgré les apparences, j’ai toujours été timide, peu sûr de moi. La scène m’a donné confiance, je m’y sens bien, à l’aise, sans aucune appréhension. Certaines personnes ont besoin de cela pour se dévoiler, s’améliorer. La chorale apporte du bien-être, pour être honnête, ma retraite est la période la plus heureuse de ma vie !

Annie HEAULME : Quand on chante, on ne pense à rien d’autre. Et puis les chansons anglaises m’ont permis de me replonger dans les études d’anglais que j’avais faites dans ma jeunesse.

Pascale MARTIN : Le rock nous permet aussi de bouger, ce qui est important à notre âge, et bien sûr de faire des choses en groupe, de partager des moments ensemble.

Jacqueline MALCORPS : Les amateurs aiment ce qu’ils font, c’est un don de soi. La pratique amateur c’est aimer. Cela se voit, et d’ailleurs ce que tout le monde retient, tant le public que nous-même, c’est la chaleur, la joie, le plaisir d’être ensemble, de donner aux autres. Quand les gens chantent avec nous, c’est magique.

Philippe LANOOTE : Notre chorale est tellement dynamique qu’en concert les gens veulent nous rejoindre sur scène pour chanter !

Lyli CHAUMONT SOUVRAZ : C’est une joie de se retrouver ensemble. On peut donner son énergie, et cela fait aussi du bien psychologiquement et physiquement.

Vous chantez en maisons de retraite et en centres de détention, pouvez-vous nous raconter ces expériences ?

Brigitte WADOUX : En dehors des concerts, chanter en maisons de retraite ou en centres pénitentiaires sont des expériences extraordinaires. On se rend compte de l’étouffement, de l’isolement, ce qui est très impressionnant. Mais surtout on donne du bonheur aux gens.

Pascale MARTIN : Intervenir en maison de retraite permet d’éclairer des visages. Je me souviens d’une dame que je croisais de temps en temps, qui un jour est venue me voir en me disant que nous avions chanté dans l’EPADH où était son père. Il était décédé peu de temps après, mais avait été tellement heureux de nous entendre qu’il voulait sans cesse mettre la chanson Ça plane pour moi. Nous lui avions offert son dernier meilleur souvenir. C’est magnifique.

José DESWARTE : Chanter en prison a été une expérience très riche. C’est un peu glaçant au début, avec tous les systèmes de sécurité à passer. Et puis les prisonniers arrivent, têtes baissées, ils ont peur de notre regard. Les premières chansons sont difficiles, puis peu à peu les visages se relèvent, des sourires apparaissent, les détenus chantent avec nous. On leur apporte la chaleur humaine, la vie. Un jour, lors d’un concert en plein air à Dunkerque, alors qu’il faisait très froid, un homme est resté devant la scène pendant toute la durée du spectacle. Je suis allé le voir à la fin pour le remercier, et il m’a alors dit qu’il était en prison quand nous y avions chanté. Sorti depuis, il avait vu l’annonce de notre concert et avait tenu à venir nous voir. C’est formidable.

Lyli CHAUMONT SOUVRAZ : Beaucoup de prisonniers nous ont dit que nous leurs avions donné un peu de liberté, et pour les jeunes, qu’ils aimeraient vieillir comme nous !

Nathalie MANCEAU : La joie de vivre des Salt and Pepper est communicative, elle secoue tout le monde. Et puis nous sommes sur les standards du rock, les codes de la culture populaire, auxquels beaucoup de détenus sont sensibles. Quand on entend Antisocial en prison, tout le monde lève le poing !

Et alors ce film, Choeur de Rockers ?

Philippe LANOOTE : Je suis très fier d’avoir amené cette chorale là où elle en est, avec tous ces concerts, le CD, le livre, et maintenant le film.

Brigitte WADOUX : La chorale m’a apporté beaucoup de confiance en moi, notamment après l’enregistrement du CD. Et puis le tournage du film a été extraordinaire. Pour moi c’est un peu une revanche sur la vie, je me suis sentie valorisée.

Jacqueline MALCORPS : Nous sommes 14 choristes à avoir participé au film, mais tout le monde a eu l’opportunité de faire une apparition, même très rapidement, dans le film. C’était formidable de vivre cette expérience.

José DESWARTE : Les 14 choristes des Salt and Pepper ont tourné pendant 17 jours, nous sommes derrière les comédiens. C’était très fatigant, car au cinéma il faut refaire de nombreuses prises, en l’occurrence chanter, avec à chaque fois la même énergie.

Brigitte WADOUX : Le scénario est romancé, mais la trame est là : l’ambiance joyeuse, festive, les personnages un peu originaux.

Pascale MARTIN : Découvrir le film a été une belle surprise, le scénario bien sûr, mais aussi la mise en valeur de la ville de Dunkerque. Et les chants occupent une belle partie du film, sans en abuser.

Marie-Hélène BRYCHE : C’est une fierté pour le groupe. Cela montre ce qu’on peut faire quand on est plus âgé, même si bien sûr il faut trouver pour cela une bonne cheffe de chœur !

Nathalie MANCEAU : Le générique présente les vrais choristes, ce qui me tenait particulièrement à cœur, notamment pour Yvette qui était notre doyenne.

Même les personnes âgées peuvent encore faire des choses, être dynamiques, vivre des choses formidables.

Quel message souhaiteriez-vous faire passer ?

Annie HEAULME : Après la période Covid qui a mis à mal beaucoup d’activités et de liens sociaux, on sent que les gens ont besoin de retisser des liens. Les gens ont besoin de cette joie portée par le film, qui montre l’importance psychosociale des chorales.

Lyli CHAUMONT SOUVRAZ : J’aimerais que ce film soit un relai générationnel : dans notre société, les séniors sont marginalisés, or on voit à travers ce film que même les personnes âgées peuvent encore faire des choses, être dynamiques, vivre des choses formidables, en un mot être encore dans la vie. La pratique amateur permet tout cela.

Nathalie MANCEAU : J’espère que ce film donnera envie à d’autres personnes de chanter. Il est nécessaire, dans notre société, de se créer des moments où nous sommes créateurs, or la chorale est un espace de création, à tout âge. C’est un espace magnifique d’humanité, de partage, qui s’adresse à tous, quel que soit l’âge, la classe sociale, le parcours de vie… On peut chanter avec tous, tout le temps, partout !

Le 12 décembre, c’est la journée mondiale du chant choral !

Une occasion idéale pour organiser vous-mêmes une soirée cinéma avec la projection du film suivie d’une prestation (performance) de votre chorale ou orchestre.

A l’occasion de la journée mondiale du chant choral le 12 décembre, le distributeur du film a négocié avec les salles de cinéma la possibilité pour tous les adhérents CMF (chorales évidemment, mais aussi orchestres, écoles de musique, conservatoires…) d’organiser une projection du film à la date de leur choix, à un tarif spécifique.
A titre indicatif, ce tarif se situe entre 7 et 9€ la place, en fonction des salles.
Cette projection peut également être doublée d’une petite animation musicale.

Il est bien sûr possible d’organiser cette soirée spéciale à une autre date que le 12 décembre.

Comment faire ?

Il suffit de contacter le cinéma de votre choix et de planifier avec lui la séance. Toutes les salles sont susceptibles d’organiser ce type de séance spéciale.

Pour toute demande d’informations supplémentaires, vous pouvez envoyer un mail à : rockers@parenthesecinema.com